L’annonce du ministre de l’éducation nationale, Benoît Hamon
L’enseignement du langage informatique sera proposé en primaire dès la rentrée de manière facultative, annonce au Journal du dimanche (édition du 13 juillet 2014).
En tant qu’analyste programmeur depuis une vingtaine d’année, je suis somme toute flatté de cet intérêt pour la programmation, mais je reste un peu dubitatif..
Le précédent date de 1985
Introduire la programmation à l’école n’est pas une idée tout à fait neuve. Dans le sillage du Plan Informatique pour Tous de 1985, les ordinateurs mis à disposition des écoles, Thomson MO5 et TO7, ont été utilisés pour initier les élèves aux langages Logo et Basic. Et le BigTrack, un véhicule dont les déplacements étaient programmables, figurait parfois en bonne place dans certaines classes maternelles.
Il ne s’agissait pas alors d’enseigner LE code et de poursuivre un quelconque but utilitariste mais de faire utiliser des codes pour animer ou paramétrer des sujets, ce, parce que l’on estimait alors que l’activité, intrinsèquement, était formatrice.
Formatrice du point de vue, notamment :
– de la représentation de l’ordinateur, à l’encontre de l’attribution d’un caractère magique, voire d’un anthropomorphisme…
– des opérations mentales effectuées, de la logique, de la structuration de l’espace et du temps, en particulier avec Logo (ordre des instructions, déplacements de la tortue Logo…)
– des attitudes développées : rigueur nécessitée par la syntaxe utilisée, essai/erreur-validation
L’apprentissage du code à l’école relève d’un changement de paradigme : depuis la fin des années 90 et l’instauration du B2i (Brevet Informatique et Internet), le mot ‘’informatique’’ était exclusivement adjectif. Les outils informatiques étaient placés au service des apprentissages disciplinaires et n’étaient appréhendés qu’à travers ces usages. Il semblerait que l’apprentissage du code s’inscrive dans un mouvement récent qui incline à faire de l’informatique une discipline à part entière.
Mon expérience de la programmation
A 24 ans en école d’ingénieur j’ai suivi 2 cours de programmation en Fortran, j’y ai bien peu appris. Nous avions 1 ordinateur pour 10 élèves et au vu du faible intérêt que j’avais pour la matière je ne me suis pas battu pour pratiquer.
Apprendre à coder, c’est comme apprendre à jouer du violon, c’est très chronophage et c’est ingrat tant que l’on a pas atteint un certain niveau; je veux bien participer à l’expérience de Mr Hamon comme professeur, mais j’ai peur que des élèves en primaire n’ y trouvent pas de plaisir.
En ce qui me concerne j’ai appris à programmer à 26 ans, à l’occasion de mon second travail, et j’ai aimé cela.. Quelques années après j’ai été formateur professionnel en programmation, les salles de cours dans lesquelles j’enseignais ressemblaient à cela:
La programmation ne peut pas s’apprendre sans ordinateur, aujourd’hui on est loin d’avoir un ordinateur par élève dans nos écoles…
Ou sont les formateurs ?
Et oui il faut également des formateurs, Mr Hamon a une réponse, il va faire appel à des associations
Nous avons lancé le 19 juin un appel aux associations pour structurer une offre nationale.
A n’en pas douter les associations sont en train de travailler dur cet été, oui il faut que tout soit prêt pour la rentrée..
Il y a 2 types d’éducation, celle que l’on connait et celle que l’on ne connait pas.
Depuis le début de l’année il y a eu un engouement médiatique autour du « codage », et d’aucun se sont convaincus que c’est la voie de l’avenir.
Bill Gates, Steve Jobs, Xavier Niel, sont des exemples de réussite de « d’entrepreneurs codeurs » (tous autodidactes); ce sont des modèles de réussite ….
Et voilà le syllogisme qui fonde cet attrait
- les milliardaires d’aujourd’hui sont des anciens « codeurs »
- on souhaite la réussite de nos enfants
- apprenons aux enfants à coder
Au delas de l’effet de mode, et au regard de l’expérience du Plan « Informatique pour Tous » (1985), on peut espérer que le projet soit conduit dans la durée.