Trouver la bonne porte
Les établissements scolaires publics dépendent en France des collectivités locales. Les écoles primaires dépendent des communes, les collèges des conseils départementaux et les lycées des conseils régionaux.
Il convient donc à une équipe pédagogique intéressée de mobiliser la collectivité dont il dépend. Les chefs d’établissements du secondaire peuvent le faire directement auprès de la leur. Généralement des dispositifs d’arbitrages sont mis en place. Ils associent des chefs d’établissements, des représentants de l’IA et/ou du Rectorat et bien sûr ceux de la collectivité. Cette dernière pourra mettre en œuvre son programme d’investissements en fonction des recommandations et de ses propres objectifs. Le financement du secondaire est donc relativement simple, si l’on accepte de devoir jouer des réseaux d’influence et de savoir mobiliser les bons interlocuteurs au bon moment. La diversité des régions fait qu’il faudra identifier les leviers qui seront favorables au projet de l’établissement (DSDEN, IEN TICE, IA/IPR, DAN, Mission TICE, DSI (notamment pour ce qui est de l’ordre de l’administratif) …
Citons le cas des établissements de l’enseignement professionnels qui peuvent jouir d’une plus grande autonomie en récoltant de la taxe professionnelle. Dans tous les cas, il est recommandé de se rapprocher des services hiérarchiques afin que le nouvel équipement soit en conformité avec les directives académiques et de la collectivité.
Dans le cas du primaire, la situation est sensiblement différente. Chaque commune ayant la responsabilité de l’équipement des écoles, il y a beaucoup plus d’approches différentes que dans le secondaire. Le conseil d’école où un représentant de la municipalité et de l’IA sont présents est souvent un lieu favorable à une demande d’équipement.
En amont, l’équipe enseignante aura pris soin de monter un dossier, avec l’aide des conseillers pédagogiques (notamment TICE) et en se documentant. Une collectivité sera d’autant plus attentive qu’elle pourra comprendre l’intérêt des équipements. Trop souvent, les écoles se brident, n’osant pas demander alors que les sommes demandées, si elles paraissent énormes pour les écoles, sont très raisonnables pour les budgets des collectivités.
Une école qui a fait la preuve que les investissements effectués avaient des retombées positives, aura plus facilement l’attention de la collectivité. L’engagement d’un enseignant et si possible de son directeur est un moteur puissant. Les élus aiment à pouvoir montrer que leurs investissements sont fructueux.
Des opportunités de financement peuvent s’offrir
Les collectivités montent parfois d’ambition projets, parfois de façon un peu trop unilatérale. Par exemple, une ville va décider d’équiper toutes ses classes de tableaux interactifs. C’est une décision à double tranchant. En effet, si les équipes pédagogiques sont associées et partenaires du projet, cela est souvent une grande réussite, mais quand cela se fait sans l’accord des écoles, les résultats ne sont pas toujours à la hauteur. Parfois par la mauvaise volonté des enseignants qui ne souhaitent pas se voir imposer un outil dans leur classe, souvent car le matériel décidé unilatéralement ne correspond pas aux attentes des enseignants et bien trop souvent, car les équipements ne prennent pas en compte tous les besoins suscités par cet équipement, notamment la formation que les collectivités considèrent trop souvent de la seule responsabilité de l’Éducation nationale.
Cependant, une équipe intéressée pourra profiter des ambitions de la commune pour favoriser son équipement. Régulièrement, des plans d’équipements sont lancés par le Ministère (Plan ENR, par exemple) ou des collectivités. Par exemple, des Conseils départementaux financent des équipements d’écoles alors qu’ils n’en ont pas l’obligation. Chaque année, les écoles peuvent monter des dossiers pour leurs projets. Si ces projets sont cohérents avec le projet d’école, ils ont plus de chance d’être financés. Il convient donc de s’assurer que le projet d’école est bien orienté pour les investissements désirés.
Se tenir au courant de ces opérations permettra aux écoles de favoriser leur équipement. Parfois, les propositions viennent du monde industriel. Des éditeurs de logiciels fournissent des logiciels gratuitement aux écoles. C’est autant d’économie sur le budget. Un bon réflexe lorsque l’on souhaite s’équiper est de s’assurer que l’éditeur ou le fabricant dispose d’une politique en faveur de l’éducation. C’est important pour les petites collectivités qui n’ont pas la maîtrise du montage d’appels d’offres ou qui étant donné leur taille ne peuvent prétendre à des cotations très favorables.
Lorsqu’une collectivité de niveau supérieur entre en jeu, les écoles peuvent souvent bénéficier d’un équipement à des tarifs avantageux. Par exemple, des conseils départementaux mettent la main à la poche et intègrent des écoles dans leurs plans d’équipement. La nouvelle frontière du cycle 3 favorise cette perméabilité. Il peut sembler logique à un département d’équiper les classes de cycle 3 du primaire en conformité avec les classes des collèges. Cela permet une meilleure rentabilité des équipements. Par exemple, la maîtrise dès le primaire des écrans interactifs permet qu’ils soient plus utilisés dans le secondaire, et parfois de façon plus pertinente).
Quid de la formation et ressources
Trop souvent, dans les dossiers, la question de la formation et des ressources n’est pas prise suffisamment en considération.
Si dans ce domaine, le rôle du revendeur se limite à une formation basique, les meilleurs d’entre eux peuvent mobiliser des formateurs efficaces sur le plan pédagogique, qu’ils fassent appel en sous-traitance à des organismes, associations ou enseignants référents. Certains constructeurs et revendeurs disposent même en interne des ressources nécessaires. Il conviendra donc, dans tous les cas, de délimiter dans l’appel d’offre la part de la formation avec les attendus, objectifs et dispositifs mis en œuvre.
Lorsque l’Éducation nationale dispose localement des formateurs compétents, il est bien sûr intéressant de les utiliser. Cependant, il est important de s’assurer lors de la conception de l’opération d’équipement que la formations sera bien conforme à ce qui est nécessaire pour une bonne prise en main par les enseignants. La communication entre tous les acteurs est donc essentielle. Dans certains cas, les appels d’offres incluent la formation des Conseillers Pédagogiques TICE ou d’autres personnes que les seuls enseignants. C’est en général une bonne opportunité, car cela assurera un relai après les premières phases de formation et la montée en compétence des Conseillers Pédagogiques qui ne sont pas nécessairement tous au fait de toutes les technologies mises en œuvre.
Autres recours de financement de projet TBI TNI
Lorsque vous avez tiré toutes les sonnettes et que votre projet d’équipement n’est pas en route, il vous reste quelques ressources.
Tout d’abord, vérifier que votre projet était bien cohérent. Comparez-le éventuellement à des projets ayant aboutis pour en tirer des enseignements.
Parfois un excellent projet peut être bloqué car une collectivité ne souhaite pas créer de disparité entre ses établissements scolaires et que l’équipement complet de tous n’est pas envisageable. Dans ces cas, trouver d’autres sources de financement permettra de revenir à la charge en ayant fait la preuve de l’efficacité de la solution souhaitée.
Les associations de parents d’élèves contribuent souvent à améliorer les équipements. Ce n’est cependant pas toujours une bonne stratégie. En effet, l’équipement et les frais de fonctionnement étant à la charge de la collectivité, il se pose la question de qui va entretenir le matériel. L’association ne peut pas souscrire à un contrat de maintenance et la collectivité peut refuser d’assurer l’entretien d’un matériel qu’elle n’a pas acquis. De plus, si la collectivité se rend compte que l’école peut s’équiper seule, pourquoi lui voterait-elle des crédits d’équipement ? Il convient mieux de faire passer l’équipement sur le compte de la commune et de lui faire intégrer qu’elle a la charge de son entretien et son éventuel remplacement au terme de la durée d’usage de l’équipement.
Cette précision donnée et confrontée à la mauvaise volonté d’une commune, il reste d’autres possibilités. Par exemple des clubs d’entrepreneurs comme le Rotary ou le Lion’s Club financent parfois des équipements. Des fabricants dotent certaines écoles de matériel en contrepartie d’une étude de l’intérêt de la solution. Il convient d’obtenir l’accord de la collectivité et si possible de leur faire accepter d’entrer ce matériel dans leur patrimoine ou a minima de le prendre en charge (consommables, entretien…). Cela favorisera un éventuel plan d’équipement, cette fois à l’initiative de la collectivité. Par exemple, une bonne couverture presse de l’équipement peut dorer le blason de la collectivité qui sera ensuite plus favorable.
Les établissements du secondaire ne devront pas oublier la ressource du fonds de roulement. En effet, certains établissements ont des fonds de roulement importants. Cela est en général mal vu par les collectivités qui préfèrent voir les subventions utilisées, plutôt que thésaurisées… Si un projet nécessite de grouper plusieurs années de subvention, il est préférable de s’entendre avec la collectivité pour expliquer pourquoi le fonds de roulement est important.
Après l’équipement, la reconnaissance
La reconnaissance du ventre est une qualité importante pour les écoles. En effet, les élus ont besoin de retour sur investissements. S’ils équipent une école, ils doivent pouvoir en faire état. Ils se chargeront par eux-mêmes d’une communication dans les publications qu’ils gèrent, mais c’est encore mieux si la presse ou les médias audiovisuels rendent compte de l’opération.
Avec un peu de diplomatie, l’équipe pédagogique peut s’assurer de cette couverture médiatique en recueillant a priori l’accord de la collectivité, mais aussi de son administration. En effet, un Inspecteur peut voir d’un mauvais œil de ne pas être associé à la réussite d’une école. Une cellule spécialisée dans les rectorats se charge de faire les dossiers de presse et d’archiver les publications. Il vaut donc mieux faire de la hiérarchie un levier qu’une barrière….
Si César voit venir à lui les reportages, il ne pourra être qu’enclin à être lus attentifs aux futurs besoins des établissements. Donc, ne soyez pas avare de remerciements et de reconnaissance, y compris pour les enseignants et ceux qui ont apporté leur soutien au projet.
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Bonjour,
Il y a des pistes dans l’article. En avez-vous suivi certaines ?
Bien cordialement,