On sait les dégâts que peut faire une pomme, que ce soit suite aux conseils d’un reptile mal intentionné, de la jalousie d’une belle mère ou si elle est attribuée à la mauvaise personne, comme l’a expérimenté le malheureux Pâris, qui s’est pris dans la poire la Belle Hélène.
La pomme qui sera l’objet ici est bien sûr celle qui symbolise la marque qui porte ce nom, Apple. En 2010, cette société sortait son premier « iPad », une tablette toute simple, avec un grand écran et un bouton.
C’est en effet cette société qui, après son premier essai réussi d’interface tactile avec l’iPhone, se lance dans la vente d’une tablette tactile. De stylet, point ; seulement le et même les doigts comme instruments de pilotage et de réalisation sur cette tablette.
Cette démarche tactile qui était déjà présente dans le domaine des écrans interactifs depuis le début des années 90 entrait alors définitivement dans les habitudes des utilisateurs lambdas.
En 2011, un an après le lancement de l’iPad, une centaine de tablettes concurrentes entraient sur le marché. Certaines étaient encore héritières du stylet, mais d’autres venaient également au tactile, ou à un mixe de tactile et stylet.
Si Apple a développé pour son iPhone, un système d’exploitation propriétaire, comme cela était la règle à l’époque, ses concurrents ont sauté sur l’aubaine d’Android, système d’exploitation gratuit et libre issu de Linux, ce qui a permis de rendre viable ces nouveaux arrivants, face à celui qui venait de devenir un géant, Apple, avec son iPad, son iPhone et un peu avant ses iPods.
Il est vert mon robot
Le sympathique robot d’Android, créé en réponse au succès de l’iPhone et de son iOS, s’est donc retrouvé mis à contribution sur des centaines de périphériques différents. Cela a favorisé des approches divergentes.
Elles ont été développées principalement pour les smartphones puis les tablettes en ont bénéficié en n’étant en sorte que des smartphones de plus grande taille.
De cette histoire, il ressort que les tablettes Android sont souvent d’un format plus allongé que les iPads, car les écrans de téléphones sont généralement très allongés pour pouvoir tenir dans la main tout en offrant une grande surface d’affichage. Ainsi, la majorité des tablettes Android est au format 16:9 alors que les iPads sont au format 4:3.
Android grand vainqueur ?
Si on compte le nombre de marques, les catégories de dispositifs, on pourrait effectivement en conclure qu’Android a gagné la bataille. Le robot aurait croqué la pomme.
Cependant, cela mérite d’être approfondie et l’on va vite se rendre compte que la situation est peut-être bien différente.
J’ai la mémoire qui flanche
Parmi les points que l’on pourrait considérer comme positifs, les tablettes Android comportent généralement un emplacement pour une carte mémoire additionnelle. Cela peut permettre de stocker de nombreuses photos ou des documents d’application. En revanche, il n’est pas toujours possible de faire de même avec les applications et la plupart d’entre-elles exigent d’être, au moins partiellement, installé sur la mémoire principale de la tablette.
Sur un iPad, il n’y a pas de mémoire additionnelle, donc, cela simplifie les choses. S’il y a de la place, on peut installer, s’il y en a plus, on doit faire le ménage. Pour cela, Apple propose de déporter les applications peu utilisées pour qu’elles soient réinstallées à volonté quand on en a besoin. De même, iCloud permet de stocker les photos et éléments qui prennent de la place ailleurs que dans la précieuse mémoire vive de la tablette.
Cette gestion des ressources en ligne et hors ligne a bien évidemment été reprise par les matériels Android et Windows, mais avec des stratégies différentes selon les marques et les générations des appareils.
Si le prix du stockage est nettement en faveur d’Android qui peut utiliser des cartes SD économiques, le point de la simplicité revient aux iPads qui gèrent cela de façon transparente pour l’utilisateur. La seule contrainte est d’avoir une connexion internet, mais les appareils étant utilisés en classe, ce n’est généralement pas un problème.
Notons toutefois que pour les usages scolaires, si on a bien dimensionné la mémoire lors de l’acquisition, on n’atteindra généralement pas les limites des stockages pour un usage normal du matériel et que donc, ce point peut être considéré comme secondaire.
Je me sens vieux
Apple nous a habitué à devoir changer toutes nos applications lors des mises à jour majeures de son système d’exploitation sur ses ordinateurs. Cela peut être considéré comme pénible et coûteux, mais la contrepartie est d’avoir une meilleure certitude de bon fonctionnement et de compatibilité.
Les iPads n’échappent pas à cette course et les développeurs sont régulièrement sollicités pour actualiser leurs applications.
Cela n’est pas trop problématique pour les ténors de l’édition de logiciels, mais c’est en revanche souvent décourageant pour les petits éditeurs de jeux pédagogiques et faute de motivation, de moyen ou de temps, des jeux ou activités forts intéressants deviennent obsolètes lorsque l’on change d’iPad.
Il ne faut cependant pas croire que la situation est beaucoup plus rose dans le domaine Android. Elle pourrait même paraitre beaucoup plus compliquée. En effet, même dans les matériels en vente, il y a une grande diversité de versions d’Android utilisées.
L’acheteur achète une tablette neuve, mais celle-ci peut-être sous Android 6 ou 12, ce qui n’est pas anodin car cela conditionne les applications qu’il pourra utiliser. Si son Android est trop récent, il pourra se retrouver coincé avec des applications qui n’ont pas été mises à jour et inversement, une tablette avec un Android trop ancien ne permettra pas de faire fonctionner un logiciel récent. Cela peut devenir un véritable casse-tête.
L’autre point qui complique la gestion est que la plupart des fabricants ajoutent une « couche » propriétaire à Android. Cela leur permet de se distinguer de leurs concurrents. Par exemple Amazon ou Samsung ont des interfaces adaptées et même un magasin d’application qui leur est propre, ce qui est aussi le cas des matériels qui ne sont pas affilés au Google Play Store.
Le roi de la bidouille
De son enfance Linux, Android a hérité de l’énergie du mouvement libre. À partir d’un noyau originel, des variantes ont été développées. Sur un appareil Android, on peut choisir l’aspect de son clavier en installant celui d’un autre éditeur, on peut modifier son appareil au point de le rendre vraiment différent de la version de base. Cette possibilité de personnalisation est souvent intéressante pour un utilisateur individuel, mais peut être perturbante pour un usage collectif. En effet, les élèves et les enseignants doivent pouvoir conserver leurs repères d’une classe à l’autre, voire d’un établissement à l’autre pour les enseignants dont le service s’effectue à différents endroits.
Dans sa rigidité, l’iPad peut donc se montrer sécurisant est c’est sans doute ce qui fait que c’est de très loin le matériel le plus utilisé dans le domaine scolaire. Cela a un retentissement sur les applications disponibles. Elles ne sont pas forcément plus nombreuses, mais elles sont plus suivies et souvent de bonne qualité. Apple impose des règles plus strictes, d’autant plus que le Google Play Store peut être contourné facilement pour installer des applications à partir de fichier APK.
Alors, iPad grand vainqueur ?
On se souvient de la guerre Mac PC, guerre souvent futile dans la mesure où quand on était à l’intérieur d’une application, il restait peu de différence entre les versions MAC et PC. Par exemple, un traitement de texte type Word de Microsoft était semblable entre les deux systèmes.
De la même façon, un logiciel pour tablette qui existe à la fois sur iPad et Android aura des fonctionnalités et une ergonomie comparable sur les deux systèmes.
Ce qui pourra faire la différence est que l’enseignant est plus familier avec un univers que l’autre. S’il utilise un iPhone sous iOS, il ne sera pas dépaysé avec iPad OS, la version d’iOS adaptée à l’iPad. Inversement, l’enseignant familier d’Android sur son smartphone pourra le préférer pour les tablettes.
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