Les Espaces Numériques de Travail (ENT) sont un ensemble de briques, regroupant des fonctionnalités et des ressources, destinées à faciliter la communication et le partage entre les différents acteurs de la communauté pédagogique qu’il s’agisse des enseignants avec leurs élèves, mais aussi des parents, de l’administration et de la collectivité responsables de l’établissement.
Vers l’Espace et au-delà
Si les ENT sont devenus une généralité dans les établissements universitaires et du secondaire, on les retrouve également dans les établissements primaires, mais dans de moindres proportions.
Cela s’explique de deux façons. Les financements dans le supérieur et le secondaire sont plus simples, car ils dépendent de moins d’interlocuteurs. Une région peut décider seule d’équiper tous ses lycées. Un conseil départemental peut faire de même avec ses collèges, mais pour le primaire, c’est de la responsabilité de chaque commune. La nécessité d’avoir une certaine homogénéité des solutions adoptées, ne serait-ce que pour faciliter le travail des enseignants changeant de poste ou des familles déménageant oblige une coordination à l’échelle du département, ce qui peut être difficile d’autant plus qu’il n’y a pas d’obligation légale à la mise en place des ENT dans le primaire, contrairement aux niveaux d’enseignements supérieurs. Certains enseignants du primaire utilisent de longue date leur propre ENT de classe pour partager les documents avec leurs élèves.
La situation sanitaire et la multiplication des situations de classe à distance, fait que la pertinence de l’utilisation d’un ENT s’est accentuée.
Cahier de textes
Les enseignants du secondaire ont l’obligation de tenir à jour le cahier de texte de chaque classe dont ils ont la responsabilité. Ce document est destiné à mentionner ce qui a été réalisé en classe. Il permet aux familles et aux absents de garder un lien avec l’activité scolaire.
Sous sa forme numérique, il est parfaitement adapté à la classe distancielle, chaque élève pouvant y retrouver les activités. Dans la classe à distance, il devient un outil essentiel sous sa forme numérique. On peut donc considérer que la version « papier » est désormais obsolète maintenant que les enseignants et les familles ont pris l’habitude, par nécessité, de la version numérique.
Le plan de travail
Il n’est pas question de laisser le travail en plan, mais de le mettre en plan. Les enseignants partisans des méthodes actives utilisent généralement un plan de travail. C’est un agenda individuel ou par groupe qui indique les tâches et les buts proposés par l’enseignant. Les élèves le réalisent avec une certaine autonomie. Les classes habituées à ce mode de fonctionnement s’adaptent donc beaucoup plus facilement aux contraintes de la classe à la maison. Les apprenants ont déjà acquis une autonomie et des méthodes de travail qui leur permettent de suivre leur plan de travail en organisant leur temps en fonction de leurs difficultés et habiletés.
La version numérique de cet outil peut exister sous deux formes. Des documents envoyés aux élèves, ou un outil de suivi totalement numérique. Cette dernière version présente l’avantage pour l’enseignant d’avoir une vision globale de sa classe et de pouvoir envoyer des documents et consignes ciblés à ses élèves.
Depuis quelques années, le développement de ce type d’outils s’est enrichi d’activités que l’enseignant n’a qu’à cocher pour tel ou tel élève afin que celui-ci la reçoive dans son application.
Citons par exemple « Classe numérique » https://classe-numerique.fr/ qui est réalisé par un enseignant et qui permet d’obtenir la fonctionnalité pour une vingtaine d’euros par an pour toute sa classe.
L’enseignant est libre de l’organisation. Il peut créer un groupe par élève, ou un seul pour toute sa classe. Dans l’exemple, il s’agit d’une classe unique de 29 élèves, les regroupements se font par niveaux, mais on pourrait plus subdiviser en fonction des difficultés des élèves.
Par défaut, l’application propose pour le nom du plan de travail la date du jour, mais rien n’empêche l’enseignant de l’utiliser de façon hebdomadaire ou pour tout laps de temps souhaité.
L’application propose des exercices prêts à l’emploi, mais avec l’abonnement, l’enseignant acquiert le droit de créer ses propres exercices qui pourront être mutualisés et validés par la communauté. Les mauvaises langues diront que l’enseignant est réduit à la fonction de presse bouton, ou plutôt, coche case, mais le temps gagné pourra être mis à profit pour être plus présent (même de façon virtuelle) avec les plus faibles.
Cours en ligne
Plusieurs éditeurs se sont spécialisés dans les cours destinés aux élèves et aux étudiants. Les plus connus sont ceux qui s’adressent aux parents, pour leurs enfants. Parmi eux, on pourrait citer, Maxicours, Acadomia et de nombreuses initiatives d’écoles privées, comme Thales ou le cours Legendre. Les confinements ont fait exploser l’offre. Cependant, ces ressources concernent en général moins les enseignants, dans la mesure où ils sont en priorité destinés à du soutien scolaire dans les familles.
Certaines de ces ressources sont disciplinaires, par exemple en langues ou en mathématiques. Par exemple, le programme « Ma deuxième école » présente des capsules vidéo sur les notions de mathématiques au collège. Elles pourront être utilisées par les familles à la maison, mais aussi à la demande des enseignants. Il est à noter que ces vidéos sont réalisées sur des tableaux interactifs, ce qui peut donner des idées aux enseignants pour leur pratique…
Dans cette offre, il ne faut bien sûr pas oublier les pionniers du domaine, le CNED et Canopé, ex Scérén, ex CNDP, ex RadioTélévision Scolaire… Ils ont produit un gros effort pendant le confinement pour faire connaître leurs ressources de grande qualité afin de permettre la continuité pédagogique au plus fort de la crise. Lumni, par exemple est la déclinaison actuelle de l’ex RTS qui assurait le même rôle dans les années 60…
Le MOOC, c’est FUN
Au siècle dernier certains pays, notamment d’Extrême-Orient réunissaient des centaines d’étudiants dans des immenses salles pour suivre en direct des professeurs faisant cours dans d’autres immenses salles. Cette massification en temps réel était impressionnante.
Cependant, le milieu universitaire depuis environ deux décennies a mis des moyens importants dans la diffusion de cours en ligne, de façon asynchrone. Ce ne sont pas à proprement parler des cours interactifs, dans la mesure où les vidéos sont enregistrées à l’avance. Cependant, ces MOOC (dont une des versions françaises s’appelle FUN) permettent à des étudiants, des professionnels ou tout simplement des curieux, de suivre des cours d’universités ou grandes écoles prestigieuses du monde entier, à moindres frais, voire gratuitement. Certaines de ces formations sont même diplômantes.
La particularité des MOOC est que les travaux des étudiants sont corrigés par les pairs. Cela permet une participation massive de plusieurs centaines ou milliers d’étudiants, ce qui serait bien sûr impossible pour un professeur seul, en temps réel. La situation sanitaire a accéléré ce mouvement de l’enseignement supérieur, et on peut imaginer que les lycées pourraient s’orienter vers des dispositifs semblables.
En résumé, la crise de la COVID a permis de montrer l’efficacité des ENT et des plateformes d’enseignement à distance. Cette expérience pourra sans doute sensiblement infléchir l’école du XXIe siècle et la faire enfin se démarquer de façon plus sensible de celles des deux siècles précédents.
