Si la téléportation n’a pas encore fait de progrès décisif, sa petite sœur, la visioconférence qui transmet l’image et la voix dote l’enseignant d’un fameux don d’ubiquité.
Une histoire courte
Au siècle dernier, on s’émerveillait des fragiles tentatives de visiophonie.
Ceux qui se souviennent du débit désespérément faible du Minitel comprendront pourquoi l’infrastructure de l’époque n’était pas prête pour la généralisation de ces solutions.
Cependant, les progrès de la compression de vidéo et l’augmentation du débit des réseaux a permis le développement des solutions de visioconférences, au point que désormais, dès l’adolescence et parfois même avant un jeune humain a produit plus d’images animées que le plus prolifique des cinéastes du XXe siècle. Qui plus est, ces performances sont de plus en plus souvent diffusées en direct, qu’il s’agisse de faits d’actualité de la classe ou du Monde ou de conversations plus personnelles avec une personne chère.
La norme n’est plus le texto et encore moins la téléphonie, la norme, c’est la transmission vidéo depuis que les forfaits des opérateurs se sont adaptés à ces pratiques.
Cela pour dire que les élèves d’aujourd’hui sont totalement en phase avec la visioconférence. Elle leur est aussi naturelle que pouvait l’être le téléphone pour la génération de leurs parents ou la missive postale pour les générations précédentes. L’univers du jeu et la starification sur YouTube font que la réalisation de vidéos même sur des sujets autrefois jugés totalement banaux et inintéressants peut aujourd’hui propulser leur auteur au firmament et même lui assurer des revenus confortables.
Dans ce domaine, les enseignants ont donc souvent du retard à rattraper et ils se sont penchés que plus récemment sur des solutions du type Skype, WhatsApp, Periscope, Snapchat, Facebook Live, Meerkat, Hangouts, Instagram, YouTube Live streaming, Twitch (plébiscité par les joueurs). Cependant, la crise de la COVID a été favorable à deux outils particulièrement intéressants, Zoom et OBS Studio.
Les applications de visioconférence ne connaissent pas la crise
Un petit coup de zoom
Consultez notre comparatif des logiciels de visioconférence Zoom et Teams https://www.tableauxinteractifs.fr/logiciels-tni/comparatifs-de-logiciels-tni/comparatif-de-logiciels-de-visioconference-en-enseignement-zoom-vs-microsoft-teams
Et les autres…
Skype le pionnier du domaine et qui était très utilisé pour optimiser le coût des communications avec l’étranger avant l’arrivée de WhatsApp, permet quant à lui de faire des séances de 50 personnes.
Hangouts de Google, dans sa version gratuite est limité à 25 personnes, ce qui peut être un peu juste vu l’effectif moyen des classes en France. Cela le réserve donc à ceux qui ont des petites classes ou les moyens de s’abonner.
De façon temporaire, Microsoft a libéré les limites de participants de sa solution Microsoft Teams, mais il n’est sans doute pas raisonnable d’investir du temps dans une application qui risque de redevenir plus coûteuse dans un proche avenir, sauf si votre administration vous a abonné à cette solution.
Les solutions les plus populaires, WhatsApp et Facebook Messenger, sont trop limitées en connexions simultanées pour être utilisée avec des classes complètes. En revanche, pour le soutien en petit groupe, ce sont sans doute des applications à retenir, même si Facebook Messenger est un peu trop connoté « réseaux sociaux », ce qui peut la discréditer aux yeux de la très sérieuse institution Éducation nationale…
La plupart des solutions sont disponibles sur à peu près tous les matériels, smartphones, tablettes, ordinateurs, ce qui facilitera leur utilisation par les familles. La possibilité de les utiliser en Wifi permet de ne pas s’inquiéter du coût engendré par la durée de connexion.
Une caractéristique intéressante de certaines de ces applications est de pouvoir changer le fond de la vidéo, par exemple, un enseignant pourra mettre une capsule vidéo en fond d’écran et un élève pourra préserver l’intimité de son foyer en projetant en toile de fond une plage tropicale.
Jitsi, la gipsy de la visio
Les enseignants aiment bien les produits Open Source, par leur philosophie et leur gratuité. Jitsi Meet devrait donc leur faire plaisir, d’autant plus qu’elle accepte jusqu’à 50 utilisateurs. Cependant, cette solution est toute jeune. L’aide n’est pas encore totalement rédigée et est en anglais. Cela peut en rebuter certains. La disponibilité d’une application serveur (Jitsi Videobridge) permettant des milliers de streams simultanés pourrait donner l’idée à un rectorat ou une collectivité de proposer cette solution dans leur ENT en lui dédiant un serveur bien connecté. Une application à surveiller, donc…
Webex Meet de Cisco
Cisco est un grand nom des réseaux. Le fait de pouvoir disposer gratuitement d’une solution de visioconférence par cet acteur majeur est une opportunité à saisir. La version gratuite de Webex Meet a toutes les fonctionnalités nécessaires et permet à 100 personnes de communiquer pendant 50 minutes. C’est dix minutes de plus que Zoom avec le même nombre de participants… Cependant, il est probable qu’en primaire, Zoom soit privilégié, car plus familier aux familles.
Et un petit coup de cœur pour StarLeaf
Cette solution est très simple et complète. Elle a été adoptée par l’Académie de Montpellier, une académie qui a toujours été en pointe dans le domaine de la visioconférence scolaire. Voir par exemple, cette étude de cas au format PDF. Donc, si vous êtes enseignant dans cette académie, vous avez la solution idéale à portée de clic.
Pour les autres, vous serez soumis à la limite de 20 utilisateurs simultanés et à des réunions de 45 minutes.
Action !
Les manipulations permises par tous ces logiciels et applications sont très intéressantes, mais certains besoins pédagogiques peuvent demander à aller plus loin.
Il faut parfois pouvoir mixer des sources différentes, par exemple l’image en direct de l’enseignant et l’image de la manipulation ou des tracés qu’il est en train d’effectuer et qui sont capturés par une autre caméra ou un écran interactif. Il peut s’agir d’un texte, comme le titre du chapitre ou une formule qui doit rester à l’écran. Le besoin d’un système pour combiner les différentes sources et les afficher
Élisez le nouvel OBS !
Sans vous transformer en réalisateur de journal télévisé, vous pourrez apprécier l’aide d’un logiciel comme OBS Studio pour gérer vos multiples sources d’images à afficher.
L’application gratuite OBS est incontournable. Vous pouvez y préparer des vues différentes et ainsi passer d’un plan à l’autre d’un simple clic.
Par exemple, l’enseignant commence son cours en parlant face à la caméra. OBS permet d’afficher cette image en plein écran, éventuellement complétée par un texte explicatif, voire un logo de copyright.
Ensuite, l’enseignant souhaite montrer une vue d’une expérience de chimie, mais tout en pouvant annoter sur un écran interactif ou équivalent. L’application OBS permet donc de réorganiser l’affichage avec une fenêtre pour la manipulation, une pour l’affichage de l’écran interactif et une autre pour la tête de l’enseignant. Il suffit de placer les zones aux endroits souhaités de l’interface et d’éventuellement gérer les superpositions (donc l’ordre des éléments) s’ils se masquent partiellement. Ainsi, la vignette réduite de l’enseignant qui parle doit apparaître en avant de la manipulation en plein écran, car sinon, elle sera totalement masquée par celle-ci.
L’application OBS peut envoyer le résultat du mixage vers plus de 60 plateformes de vidéo en streaming, dont certaines évoquées ci-dessus. Malheureusement, il manque en natif, Zoom, mais dans ce cas, on travaillera plutôt en sens inverse, l’image mixée par OBS étant diffusé dans Zoom, ce qui est à la limite logique dans la mesure où le plus intéressant n’est pas de voir les 30 images des gamins pendant la conférence, mais bien les manipulations effectuées par l’enseignant ou l’élève qui a la parole. Ceux qui optent pour les versions payantes de Zoom pourront effectuer la manipulation, même si son intérêt me semble moindre.
D’autres pistes…
Signalons qu’il y a d’autres applications disponibles pour ceux qui souhaitent travailler à partir de tablettes ou smartphones plutôt que depuis un ordinateur, mais elles ne sont pas gratuites et certaines nécessitent même un abonnement. Prenez vos précautions lors du choix, utilisez les périodes d’essai et pensez à désactiver les abonnements si vous ne pensez pas continuer…
Si vous souhaitez utiliser votre smartphone ou tablette comme caméra supplémentaire avec OBS, il vous faudra utiliser une App complémentaire. NDI est gratuite et professionnelle, mais il en existe d’autres, certaines dédiées à OBS et qui pourraient être plus simples, car elles ont moins de possibilités…
Désormais, les iPhones peuvent filmer en même temps avec toutes leurs caméras (certains en ont quatre). Cela peut permettre d’avoir le champ et le contrechamp avec un seul matériel. Par exemple l’enseignant peut se filmer en train de réaliser une manipulation scientifique. Cependant, cette utilisation n’est pas forcément si facile à maîtriser, car il faut cadrer en même temps deux images et pour l’instant, les applications comme Double Take permettent uniquement l’enregistrement et pas le streaming. À surveiller tout de même, car cela peut donner lieu à des applications intéressantes, par exemple la visite d’un musée ou d’un lieu que l’on pourra ainsi commenter en direct.